Texte de Do Spillers, publié dans le magazine Diabolo, no 2 (décembre 1987).
Cette nuit, j’ai entendu du bruit dans l’appartement. Ça m’a réveillé. J’ai pas bougé, pour être sûr… ça a recommencé! Des pas dans le salon. D’abord, je me suis dit que c’était peut-être des cambrioleurs, et j’ai tiré la couverture par-dessus ma tête en serrant très fort mon ours. Pour qu’il ne remue pas. Oh! moi j’avais pas peur, mais si on voulait les attraper, il valait mieux ne pas se faire remarquer.
J’ai écouté longtemps, sans respirer… mais, comme on n’entendait plus rien, j’ai lâché mon ours pour le cas où ça deviendrait dangereux, et je me suis glissé hors du lit pour aller chercher mon pistolet-laser. J’ai remonté le pantalon de mon pyjama qui descend toujours, puis j’ai ouvert la porte de ma chambre, tout doucement, car parfois elle grince.
Il faisait tout noir dans le hall d’entrée; sous la porte de la chambre de papa et maman, il n’y avait même pas le petit rayon des nuits où maman lit très tard.
Sur la pointe des pieds, je suis arrivé à la porte du salon, qui était entre ouverte, et là… j’ai failli laisser tomber mon laser. Le «cambrioleur» avait allumé la petite lampe à côté de la télé. Ah! oui, drôle de cambrioleur; je l’ai reconnu tout de suite, à son costume rouge bordé de blanc, à son bonnet spécial et à sa barbe toute blanche. Il avait appuyé sa grande hotte contre la cheminée, pour travailler plus à l’aise : il déposait plein de cadeaux sur le tapis, au pied du sapin. J’ai fait : – Ouhhhhhh! Le Père Noël! Lui, il s’est retournée et il a rigolé en voyant mon pistolet-laser pointé sur lui. Il a posé son doigt sur la bouche : – Chut! N’aie pas peur, c’est papa. Ne fais pas de bruit, tu vas réveiller ta soeur. J’étais tellement étonné de rencontrer le Père Noël, comme ça, à la maison pendant la nuit, que j’ai rien trouvé à répondre. Alors, il m’a dit : – Retourne vite te coucher, petit homme, pendant que je termine de préparer la fête pour demain. Et il m’a envoyé un baiser qui vole, exactement comme fait papa quand il me dit bonsoir, avant d’éteindre. Mais là, c’était pas pareil; il a soufflé sur son gant blanc et sa grosse bague a jeté un reflet rouge. Je me suis senti tout bizarre : mes yeux piquaient, comme quand j’ai sommeil…
J’ai remonté le pantalon de mon pyjama, qui était encore descendu, et je suis retourné dans ma chambre, comme il l’avait demandé. J’ai refermé la porte, et j’ai grimpé dans mon lit, près de mon ours. Il s’était caché tout au fond. Maman dit souvent qu’on le même âge tous les deux, et après elle l’appelle Vieux Nounours. Il est pas vieux; moi je le trouve encore petit : il a toujours peur. Il faut que je le protège. Alors, je lui ai tout expliqué pour le rassurer : – … Et, tu sais, j’ai rien dit, parce qu’il faisait semblant d’être papa, pour pas qu’on le reconnaisse et parce qu’il n’avait pas le temps, à cause de tout le travail qu’il a cette nuit pour aller chez tous les enfants. Partout! Tu te rends compte?… Mais moi je sais bien que ce n’était pas mon papa. C’ÉTAIT LE PÈRE NOËL!
trop mignon!
Mouais, tu parles…